Afrique : le prix de la liberté

Mamadou Dia a été un acteur majeur de la vie politique sénégalaise, entre 1948 et 1962. Son alliance avec Léopold Senghor constituait un duo politique hors du commun dans les luttes africaines pour la décolonisation. Premier Chef du gouvernement sénégalais à l'heure de l'autonomie puis de l'indépendance, il conçoit et met en œuvre, assisté notamment du Père Lebret, fondateur d'Economie et Humanisme et de l'IRFED, une politique visant à abolir l'économie de traite. Il s'attache à instaurer un «socialisme africain» humaniste, enraciné dans les valeurs sociales et culturelles du Sénégal, créant un vaste réseau de coopératives paysannes de développement autogérées. Les intérêts puissants du dehors et du dedans auxquels il se confronte se liguent contre son action. Le soutien de Senghor lui fait défaut, et il est abattu, condamné et déporté au bagne militaire de Kédougou. Le drame de la rupture entre ces deux hommes d'exception, en 1962, affaiblit durablement la cause d'une Afrique en quête de démocratie et de développement. Résistant à l'épreuve terrible de douze années de détention inhumaine, le vieux lutteur, depuis 1974, a repris sa place dans l'arène. Prophète de l'émancipation africaine, stratège inlassable d'un développement participatif, et, tout autant, maître spirituel forgé au feu des épreuves, Mamadou Dia livre, enfin, un témoignage historique capital. Son actualité demeure brûlante à l'heure de l'impéritie du marché et de la dictature de l'argent. Ce livre de foi et d'espérance, en même temps qu'il dénonce les dérives, au Nord comme au Sud, en appelle à une mobilisation solidaire pour une mondialisation à visage humain.