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Welcome?>« Nous ne sommes pas au monde. »ARTHURIl existe sur Terre une espèce animale où le petit sortant du ventre de sa mère est pris par les pattes de derrière et, tête en bas, battu, jusqu'à ce qu'il hurle, par un adulte. Puis ayant été retourné en tous sens, il est emballé, et déposé à l'écart. Le corps nourrissant et chaud qui l'enveloppait et sur lequel, comme tout animal, après l'épuisant labeur de naître, il aspire à reposer, est hors de sa portée. A l'instant craché dans l'espace immense il y trouve le vide, et vit solitaire l'aventure la plus fondamentale qui fut et sera jamais vécue. Il n'est pas au monde, mais à côté. Il n'a aucune prise, tout vient du dehors quand ça veut. Tout ce qu'il peut c'est crier.Le petit de cette espèce a le cri le plus rageur et lamentable de toute la faune terrestre.L'adulte, qui, lorsqu'il entend dans la nuit la voix appelante insistante d'un petit chat, sait qu'il s'agit d'un abandonné, ne songe pas à interpréter les cris de son propre petit: il en a l'habitude, il les a toujours entendus. Il les trouve « naturels ». Que le sien soit le seul à en pousser de si désolés, et qui perdurent si longtemps après la naissance, ne fait lever en lui aucune question.***Un jour, après bien longtemps, des savants, analysant des troubles de l'émotion chez l'individu de cette espèce, découvrirent qu'il aspire à retourner dans le sein maternel (Otto Rank). Ils virent là un trait de psychologie original. Une tendance innée à n'aimer point la vie, en quelque sorte. Trait assez local au reste, mais les analyseurs n'étant point explorateurs, ils n'allèrent pas voir ailleurs comment ça se passait.Bien du temps encore après, d'autres savants, ayant voyagé, et mieux regardé, s'avisèrent que ces petits montraient simplement les signes ordinaires de la souffrance et de la peur, qu'on observe chez l'être sans défense brutalement traité. Les coups, dirent-ils, ne sont pas l'unique manière d'aider un petit mammifère à respirer (c'est pour l'aider à respirer qu'on lui tapait dessus, pas fort selon les préposés, qui jugeaient d'après leurs muscles et cuir).En effet quand on y réfléchit, on est surpris que jamais la curiosité ne se soit éveillée là-dessus. Surtout la curiosité scientifique, qui touche pourtant à tout. Et que durant des siècles les adultes aient tous trouvé ça « naturel» — quand aucun « animal» ne le fait.Les savants proposent de laisser le petit sur le ventre de sa mère, le temps que le cordon irrigateur, dont c'est la fonction, fasse le relais de la respiration, et que les poumons se défroissent: et ils évitent les bruits. lumières et gestes violents au nouveau-né. Ils appliquent leur méthode, avec succès: les petits respirent! Sans qu'on les batte! Ensuite, on n'entend pas ces fameux cris lamentables Sans doute s'ensuivit-il un grand soulagement pour les adultes de cette espèce malheureuse? et les pratiques inutilement brutales furent-elles aussitôt abandonnées?Eh non. Ce fut un tollé contre la nouvelle méthode. Les savants furent rejetés par leurs pairs, amenés à presque se retirer. Ils entreprirent, au nom de la simple vérité, une lutte qui à leur étonnement, s'avéra politique. Le livre où la méthode était exposée (Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Seuil 1974), devint un best-seller dans plusieurs pays, le film bouleversa les spectateurs. Au niveau des gens, quelque chose se passait. Mais l'appareil résista. L'information ne descendit pas à la masse. On parla dans la presse féminine à grande circulation de retour à l'âge des cavernes (Françoise Tournier: « Accoucher dans le noir? Nous refusons! », Elle, mars 74). La naissance douce resta l'exception, n'entra pas dans les hôpitaux publics, rien ne bougea. Et les nouveaux venus continuèrent comme par le passé d'être reçus par le bon vieux comité d'accueil.Dès lors on doit questionner les motivations des mâles dominants de l'espèce : ce qui leur importe, ce n'est donc point que les petits respirent? C'est leur taper dessus à l'arrivée? Ils y tiennent, à leur fessée? Aurait-elle donc une fonction culturelle essentielle?La fessée d'accueil est une spécialité des sociétés humaines à structures patriarcales, qui occupent actuellement presque toute la Terre sous des formes diverses, dont celle où nous-mêmes naissons et sommes fessés, qui est la plus avancée de toutes. Ces sociétés reposent sur des rapports de domination.

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Welcome?>« Nous ne sommes pas au monde. »ARTHURIl existe sur Terre une espèce animale où le petit sortant du ventre de sa mère est pris par les pattes de derrière et, tête en bas, battu, jusqu'à ce qu'il hurle, par un adulte. Puis ayant été retourné en tous sens, il est emballé, et déposé à l'écart. Le corps nourrissant et chaud qui l'enveloppait et sur lequel, comme tout animal, après l'épuisant labeur de naître, il aspire à reposer, est hors de sa portée. A l'instant craché dans l'espace immense il y trouve le vide, et vit solitaire l'aventure la plus fondamentale qui fut et sera jamais vécue. Il n'est pas au monde, mais à côté. Il n'a aucune prise, tout vient du dehors quand ça veut. Tout ce qu'il peut c'est crier.Le petit de cette espèce a le cri le plus rageur et lamentable de toute la faune terrestre.L'adulte, qui, lorsqu'il entend dans la nuit la voix appelante insistante d'un petit chat, sait qu'il s'agit d'un abandonné, ne songe pas à interpréter les cris de son propre petit: il en a l'habitude, il les a toujours entendus. Il les trouve « naturels ». Que le sien soit le seul à en pousser de si désolés, et qui perdurent si longtemps après la naissance, ne fait lever en lui aucune question.***Un jour, après bien longtemps, des savants, analysant des troubles de l'émotion chez l'individu de cette espèce, découvrirent qu'il aspire à retourner dans le sein maternel (Otto Rank). Ils virent là un trait de psychologie original. Une tendance innée à n'aimer point la vie, en quelque sorte. Trait assez local au reste, mais les analyseurs n'étant point explorateurs, ils n'allèrent pas voir ailleurs comment ça se passait.Bien du temps encore après, d'autres savants, ayant voyagé, et mieux regardé, s'avisèrent que ces petits montraient simplement les signes ordinaires de la souffrance et de la peur, qu'on observe chez l'être sans défense brutalement traité. Les coups, dirent-ils, ne sont pas l'unique manière d'aider un petit mammifère à respirer (c'est pour l'aider à respirer qu'on lui tapait dessus, pas fort selon les préposés, qui jugeaient d'après leurs muscles et cuir).En effet quand on y réfléchit, on est surpris que jamais la curiosité ne se soit éveillée là-dessus. Surtout la curiosité scientifique, qui touche pourtant à tout. Et que durant des siècles les adultes aient tous trouvé ça « naturel» — quand aucun « animal» ne le fait.Les savants proposent de laisser le petit sur le ventre de sa mère, le temps que le cordon irrigateur, dont c'est la fonction, fasse le relais de la respiration, et que les poumons se défroissent: et ils évitent les bruits. lumières et gestes violents au nouveau-né. Ils appliquent leur méthode, avec succès: les petits respirent! Sans qu'on les batte! Ensuite, on n'entend pas ces fameux cris lamentables Sans doute s'ensuivit-il un grand soulagement pour les adultes de cette espèce malheureuse? et les pratiques inutilement brutales furent-elles aussitôt abandonnées?Eh non. Ce fut un tollé contre la nouvelle méthode. Les savants furent rejetés par leurs pairs, amenés à presque se retirer. Ils entreprirent, au nom de la simple vérité, une lutte qui à leur étonnement, s'avéra politique. Le livre où la méthode était exposée (Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Seuil 1974), devint un best-seller dans plusieurs pays, le film bouleversa les spectateurs. Au niveau des gens, quelque chose se passait. Mais l'appareil résista. L'information ne descendit pas à la masse. On parla dans la presse féminine à grande circulation de retour à l'âge des cavernes (Françoise Tournier: « Accoucher dans le noir? Nous refusons! », Elle, mars 74). La naissance douce resta l'exception, n'entra pas dans les hôpitaux publics, rien ne bougea. Et les nouveaux venus continuèrent comme par le passé d'être reçus par le bon vieux comité d'accueil.Dès lors on doit questionner les motivations des mâles dominants de l'espèce : ce qui leur importe, ce n'est donc point que les petits respirent? C'est leur taper dessus à l'arrivée? Ils y tiennent, à leur fessée? Aurait-elle donc une fonction culturelle essentielle?La fessée d'accueil est une spécialité des sociétés humaines à structures patriarcales, qui occupent actuellement presque toute la Terre sous des formes diverses, dont celle où nous-mêmes naissons et sommes fessés, qui est la plus avancée de toutes. Ces sociétés reposent sur des rapports de domination.

Éditeur
Grasset
Format
Broché
Date de parution
1983-01-01
Nombre de pages
192
Dimensions
12.0 x 19.0 x 1.9 cm
Poids
192
EAN
9782246009887

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