Humour et rugby

Humour et rugby

Le rugby, « un sport de voyous pratiqué par des gentlemen » ? Mieux, « une jolie guerre du temps de paix » ? Non, le rugby, ce n'est pas sérieux. Comment pourrait-il l'être, avec un ballon ovale à deux bouts rebondissant n'importe où, avec des « coups de pied de rossignol », des passes en arrière et dans les chaussettes pour aller de l'avant, des placages hauts et des mêlées basses, des coups de casque et des coups fourrés, des éponges magiques ressuscitant des trombines en sang, ou des balivernes comme « le meilleur des deux Boniface, c'est celui qui n'a pas le ballon » ? Ici, on donne le change, et parfois un croc-en-jambe, ou une « fourchette » inutile pour le banquet de troisième mi-temps. Un match, c'est de la commedia dell'arte jouée avec l'accent par des gros, des larges, des braillards, des aphones, des étroits, des maladroits, dans une cour des miracles limitée par des hymnes et des poteaux en H majuscule. Le H d'Humour. Les Rosbifs ont inventé l'humour et le rugby, et nous, les Grenouilles, avons copié. Et après avoir longtemps hérité de la cuillère de bois, le coq au béret croque le grand chelem. Oui, ici les poules ont des dents, le Pays de Galles des dragons, l'Angleterre des roses, et seuls les dessinateurs et les caricaturistes ont assez de talent pour rendre tout le sel, toute la truculence de ce monde unique qui ne tourne pas rond, et pourtant si bien. Ils s'appellent Pellos, Déro, Boby, Bill, Blachon, Desclozeaux ou Iturria, ce sont les Bosch, Delacroix, Renoir ou Picasso de l'ovalie. Ils prolongent et embellissent sur papier glacé les charges de Crauste « le Mongol », de « Géo » André « le bison », de Chabal « Caveman », ou les pirouettes de « Napoléon » Fouroux, de Rives « Casque d'or », les saillies de Couderc, Pistre ou Salviac. Ce sont eux les héros de cet essai, et du Tournoi. Trompettes.