Les Rencontres de Stanley : essai historique

C'est dans l'indicible horreur d'un workhouse victorien -ces terribles bagnes d'enfants- que commence la vie de John Rowlands, bâtard abandonné, le futur John Morton Stanley, du nom du commerçant américain qui l'adoptera.

Il fait tous les métiers, y compris la guerre au côté des Sudistes dans la Guerre de Sécession, mais c'est le journalisme -car il fut l'un des premiers grands reporters au sens moderne du terme- qui le révèle à l'exploration, quand le New York Herald le charge de retrouver le docteur Livingstone, perdu à la recherche des sources du Nil.

Ainsi naît Stanley l'Africain, le découvreur du bassin du Congo que les Africains surnommeront Boula Matadi, le briseur de rochers, l'explorateur qui traverse le continent noir de Zanzibar à l'Atlantique, aventure qui provoque le partage de l'Afrique entre les puissances européennes lors de la conférence de Berlin, et qui plus tard, au secours de l'étonnant aventurier Emin Pacha, tranche la question toujours controversée des sources du Nil.

A l'heure où, plus de vingt ans après leur accession à l'indépendance, les Etats africains issus de la colonisation luttent à la fois pour le développement et la démocratie, un regard sur les hommes et les événements qui furent à l'origine de leur histoire contemporaine n'est pas inopportun. Biographe scrupuleux, historien bien documenté, le duc de Castries nous donne aussi, en écrivain de valeur, "un livre qui commence ainsi qu'un roman de Dickens, qui se poursuit comme un roman de Conrad ou de Cendrars" et s'achève dans le désenchantement, à la façon des Sept piliers de la Sagesse.