Revue de presse Constater «le parfait ajustement de l'ensemble du monde physique pour que la vie soit possible» témoigne d'un enthousiasme sympathique, mais interpréter cet ajustement tel que le fait Michaël Denton est au fil des pages une perpétuelle source d'étonnement. Il est toujours extrêmement gênant de suspecter de manque d'objectivité un auteur scientifique réputé. Or, à la lecture de ce livre, il est très difficile de se dégager de l'impression d'une lecture de l'évolution à l'envers, à partir de l'être humain fini tel qu'il est aujourd'hui, terme d'une évolution dont il incarne la magnificence. Ce «biocentrisme» délibéré, voire cet anthropocentrisme est pour Michaël Denton le résultat logique d'un grand dessein, mené nécessairement par une intelligence supérieure étant donnée l'extraordinaire complexité du produit fini. Au-delà de cette première impression, l'ouvrage de Michaël Denton est très riche dans la mesure où il aborde avec précision les connaissances biologiques et génétiques actuelles et où il tente de les mettre en perspective dans un cadre beaucoup plus large, allant de la théorie des particules et des forces d'interaction au sein de la matière, aux lois qui semblent présider au développement de l'Univers. L'auteur fait aussi preuve d'une grande audace car il va délibérément à contre-courant d'une certaine forme de terrorisme intellectuel ayant cours depuis le XVIIIe siècle (faisant suite lui-même à un finalisme tout aussi totalitaire) où la contingence semble être la seule référence explicative possible de tout phénomène évolutif. Or l'interprétation téléologique de l'évolution constitue le fondement même de la thèse de Michaël Denton. Il y a tout particulièrement deux points sur lesquels l'auteur insiste et qui sont utiles à nos yeux pour la réflexion que doit mener tout responsable d'entreprise. En effet, le débat sur l'évolution est tout à fait essentiel pour le manager car l'analogie, effectuée à juste titre entre l'entreprise et un organisme vivant, permet de réfléchir sur l'interaction de cette entreprise avec son environnement et sur le mode de management le plus adapté. Le fait de savoir que la complexité est une des données fondamentales avec laquelle chaque manager doit composer, nous conduit surtout à mieux percevoir ses conséquences. Le premier point consiste dans le fait que l'édification des organismes supérieurs au cours du développement est fondamentalement un processus non modulaire, le même gène pouvant jouer un rôle dans beaucoup d'aspects totalement différents du développement. Autrement dit tout élément causal d'un processus complexe, n'aura pas forcément qu'un seul effet. Cet aspect souligne une fois de plus, s'il en était besoin, la nature même de la complexité du vivant et que toute tentative de réductionnisme est vouée à l'échec. Le second point sur lequel l'auteur insiste et sur lequel sa critique de Darwin est bien étayée, est le principe de la redondance qui rend encore plus problématique l'explication selon laquelle les organismes peuvent être radicalement transformés à la suite d'une série de petits changements indépendants. Pour l'auteur «la redondance consiste donc à éliminer ou à minimiser l'effet des mutations aléatoires sur le fonctionnement de l'organisme». Il s'agit donc d'une sorte de système de sécurité dont le vivant nous donne l'exemple dans toutes les circonstances où la réalisation d'un objectif dépend de l'interaction d'un grand nombre de composantes. Au-delà du parti pris de Michaël Denton, très clairement exprimé au début de son livre et qui peut agacer au premier abord et renforcer aux yeux de certains la thèse de la prédétermination et d'une programmation quasi totale, sa réflexion est suffisamment nourrie pour constituer une source d'approfondissement pour tout manager face à une évolution de son environnement de moins en moins maîtrisable. -- Jean-Daniel Remond -- -- Business DigestLes lois de l'Univers permettent la vie. L'ensemble du monde physique est parfaitement ajusté pour que la vie soit possible. Les éléments du tableau périodique ne pourraient pas être différents de ce qu'ils sont. Changer, même de manière infime, une parcelle du cosmos le rendrait stérile. La vie est le but de l'Univers. Si l'Univers permet la vie, s'il est biocentrique, c'est qu'il a été conçu comme tel. Notre environnement est en réalité un ensemble de particularités géniales et uniques qui rendent notre vie possible. Il est le produit d'un dessein, d'une intention. L'évolution porte elle aussi la marque d'un dessein. L'ensemble des organismes forme l'arbre du vivant. Cet arbre représente le passé et le présent de la biosphère. Nous qui en sommes l'étape ultime, nous pouvons l'examiner à la lumière de nos connaissances. Cet arbre a un but : l'homme. Nos capacités sont en accord subtil avec le monde et il est impensable que notre évolution ait été le seul fruit du hasard, de la contingence. -- Idées clés, par Business Digest
Collection
Le Temps des sciences
Dimensions
15.0 x 24.0 x 3.7 cm
Date de parution
1997-05-28