Le dernier Noël de guerre

Un inédit de Primo Levi ! Rien que ça ! Un recueil de nouvelles qui n'avait jusque là jamais été traduit en français, et que l'auteur italien avait rédigé dans les dix dernières années de sa vie, entre 1977 et 1987. Ici, Primo Levi confirme d'abord son goût pour la forme courte, les textes brefs, qu'il avait justifiés par l'exigence d'écrire "des contes moraux déguisés en nouvelles de science-fiction". Treize nouvelles constituent ce recueil, dont la cinquième donne le titre général, Dernier Noël de guerre. Elle creuse le lit du livre, s'appuie sur le récit autobiographique : il s'agit des ultimes jours de captivité de l'auteur au Lager de Monowitz (tout près d'Auschwitz), illuminés par un colis de chocolats, de biscuits et de lait en poudre qu'il fallut dissimuler aux yeux de tout le camp... À côté du réalisme cruel de cette nouvelle, d'autres s'inscrivent dans l'étrange : Buffet est une fantaisie où le narrateur se présente dans la peau d'un kangourou à une soirée mondaine, En une nuit met en scène des démolisseurs de train, État civil brosse le portrait d'un administratif chargé de déterminer, de programmer au quotidien la mort d'individus dont il n'a sur son bureau que des renseignements civils... Des nouvelles qui oscillent entre la part obscure et intime de l'auteur, rattrapé par ses souvenirs démoniaques, soulagé par ses fantaisies. Il prouve surtout, après son récit sur les Camps, Si c'est un homme, qu'il n'a pas été qu'un écrivain-témoin capital, mais l'auteur, pour reprendre les mots de Saul Bellow, d'une œuvre nécessaire. --Céline Darner