Mon réveillon avec le dernier des chiens

Le «dernier des chiens», c'est Eugène, un clochard renversé dans la rue, le soir du 31 décembre 1999, par un publicitaire au volant de sa puissante cylindrée. Accident sans gravité, mais l'homme d'affaires, intrigué par l'exubérance et la culture du vagabond, qui se qualifie de «philanthrope exaspéré», l'invite à boire un verre.

Commence alors une vigoureuse conversation à bâtons rompus, où les deux hommes, indifférents à la liesse d'une foule grisée par l'imminence du passage au XXI^e siècle, confrontent leurs opinions sur la vie, la mort, l'amour, le désir, Dieu, le pouvoir et l'argent. Les idées fusent et le vin coule à flots.

Les deux comparses d'un soir, qui peu à peu sympathisent, vont passer en revue plusieurs siècles de philosophie, épingler la pensée contemporaine et constater l'échec de notre société de consommation et de communication. De coups de gueule en réflexions mordantes, Eugène, en qui l'on reconnaît Diogène, véritable saint laïc, tirera de leur dialogue, en jubilant, une savoureuse, une généreuse, une magistrale leçon de vie, qui pourrait être : «Il va falloir cesser de prendre et commencer à donner.»

Dans la lignée du Monde de Sophie de Jostein Gaarder, des incantations de Cioran ou de la «philosophie de bistro» chère à Alphonse Boudard, un plaidoyer vivant et joyeux sur la responsabilité, au service d'une philosophie en état d'ébriété, à la portée de tous.