Théâtre de Genet : matadors, monstres et illusionnistes

Les lieux des étrangers dans le théâtre de Genet sont divers et multiples : la cellule de prison, la cuisine des deux caméristes, la chambre de Madame, le Grand Balcon de Madame Irma. La prison et les lieux de la domesticité sont étouffants. Ils le sont non parce que l'espace manque, mais parce que les êtres qui les habitent sont en mal de vivre et se sont retranchés dans une existence verrouillée.

La mort imminente aurait pu rapprocher Maurice, Lefranc et Yeux-Verts et susciter entre eux un soupçon de fraternité. Haute Surveillance aurait pu devenir un réquisitoire contre la peine de mort. Non ! La solitude appelle une solitude plus radicale. La cruauté exige le numéro final qui met fin à toute possibilité de communion. Claire et Solange auraient pu s'enfuir et rejoindre le monde extérieur. Non ! Elles se refusent à toute bouffée d'air frais. Le Balcon est un lieu mitoyen qui ouvre sur le monde extérieur dans Le Balcon. Mais cette extériorité est vite happée par les loges du boxon.