La voie libre : théologie du franc-parler

La voie libre - Théologie du franc-parler

Ni l'être donné, ni la beauté envoûtante, ni le bien affiché, ni la vérité affirmée ne suffisent. Il s'agit de trouver, chacun suivant ses forces, une voie qui mène en leur secret, mais une voie libre où se manifestent déjà la vie et la vérité, où vibre déjà la joie de vouloir et de décider, même lorsqu'on n'a guère le choix. Voie qui ne s'identifie pas à une suite de procédures, car il s'agit d'une hardiesse, d'un esprit d'audace, d'un franc-parler capable de reconnaître en tout la contingence - y compris les lois de la nature, des hommes et de Dieu pour nous, les récits sacrés ou séculiers, les sciences et les expériences -, mais aussi d'excéder un univers de la défiance, source d'une civilisation de la surveillance, de l'espionnage généralisé et du mythe ruineux de la transparence, tout autant que de l'égalitarisme envieux, du libéralisme sans énergie fraternelle, de l'individualisme grégaire et du volontarisme magique (des techniques) qui l'appuient. Franc-parler qui brise le cercle herméneutique des logiques comme des politiques de l'érôs et de la colère, pour provoquer une fraternité franche, une communauté de forces où se vérifie l'audace d'attester par acte de passiveté, par lieu et contre-lieu, à temps et à contretemps, le libre courage de Dieu. Courage qui conteste la réduction de la franche révélation de Dieu dans la vie et la mort de Jésus, à une doctrine et même à une théologie comme science qui serait autre que pratique. La théologie, sa détermination des contingences révélatrices - déconstruisant la justification idéologique des rites religieux et des pratiques cléricales -, voilà qui appartient à la libre puissance du franc-parler et non l'inverse !