Boudin, la Normandie

Natif d'Honfleur, mort à Deauville, Boudin (1824-1898) est à la fois peintre normand et le peintre de la Normandie dont les ciels et la lumière lui fourniront la quintessence de son art. « Vous êtes le roi des ciels », lui disait Corot. « Vous êtes un séraphin, il n'y a que vous qui connaissiez le ciel... » renchérissait Courbet. Moins lyrique, mais définissant bien son art, Boudin préférait dire : « Les bourgeois qui se promènent sur la jetée vers le coucher de soleil n'ont-ils aucun droit d'être fixés sur la toile, d'être menés à la lumière... » Cela a débouché sur cinquante ans de peinture en Normandie, au coeur de la révolution picturale d'un siècle dont l'art d'aujourd'hui est issu. Ce livre en est le témoin.

« La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art dont l'autre moitié est éternelle et immuable. » Écrite par Baudelaire après sa rencontre avec Boudin à Honfleur, cette phrase résume l'essentiel de l'art du peintre qui écrira lui-même : « peindre en plein air a toujours une force, une puissance, une vivacité de touche qu'on ne retrouve plus dans l'atelier ». Dès 1858, c'est Boudin qui convaincra Monet de peindre sur le motif, devenant ainsi un précurseur de l'Impressionnisme.