Depeche Mode : éthique synthétique

Martin Gore n'a jamais eu l'âme d'un vrai leader. Pourtant, depuis vingt ans, ce dernier signe paroles et musiques d'un des groupes les plus innovateurs de l'histoire de la pop. Six ans après l'Autobahn de Kraftwerk, les kids de Basildon réchauffent le concept synthétique en remplissant les pistes de danse, essuient quelques crachats, puis foncent tête baissée dans la noirceur berlinoise. En marge des climats industriels initiés par le groupe, l'Europe, puis les Etats-Unis découvrent les battements de cœur de «Somebody»...

Des tubes sucrés et sautillants de Speak And Spell à l'électro acoustique high tech d'Exciter, Depeche Mode s'est octroyé en deux décennies le halo de gloire que bon nombre d'artistes obtiennent aujourd'hui dès le premier album. Une crédibilité acquise à grands coups de bluffs, de remises en question, et surtout de paradoxes : un chanteur qui n'écrit rien, un compositeur aussi doué que peu sûr de lui, et un troisième membre plus «manager» que véritable musicien... Depeche Mode, c'est le triomphe de la persévérance et la revanche des années 80.

Attitude underground, évidence mélodique et recherche sonore permanente : ne manquait plus à cette formule que le saupoudrage «sex, drugs and rock'n'roll» hérité des années 90, autant synonyme de naufrages que de résurrections.

Portrait d'une des dernières multinationales du rock à visage humain.