Sous le ciel de l'opéra

«Viennoise d'origine, attachée à la Scala de Milan, cette femme d'une rare énergie était une artiste authentiquement cosmopolite, qualité alors très rare chez les metteurs en scène, encore bridés par les barrières linguistiques. Peut-être parce qu'elle venait de la danse, ces frontières n'existaient pas pour elle. Elle se sentait chez elle aussi bien au Metropolitan Opera qu'à la Staatsoper de Vienne, au Teatro Colón ou à Covent Garden. Les répertoires eux non plus n'avaient pas de frontières à ses yeux, et elle fut notamment associée aux créations de plusieurs ouvrages français : le David de Darius Milhaud, les Dialogues des carmélites de Francis Poulenc, et plus tard Andrea del Sarto, de Daniel-Lesur. Le plus frappant, pour le public du palais Garnier, fut de la voir, dans Don Carlos et Turandot, les deux productions les plus marquantes que lui confia mon prédécesseur Georges Auric, non seulement servir sur notre scène ce répertoire italien qu'elle connaissait parfaitement, mais aussi y faire résonner à nouveau, par son sens du monumental, du faste, des grands tableaux vivants, quelque chose du goût bien français pour le "grand" opéra.»

Hugues R. Gall, de l'Institut, directeur de l'Opéra national de Paris