Le mural nomade : tapisseries modernes et contemporaines au couvent de La Tourette

L'art de la tapisserie se renouvelle profondément durant les années 1960. La Biennale internationale de la tapisserie de Lausanne joue, à cet égard, un rôle important en présentant un état des lieux de la vitalité de la tapisserie contemporaine quelles qu'en soient les origines et les traditions. Dans cette Biennale coexistent deux courants esthétiques présentés dans ce catalogue : la tradition de lisse des grandes manufactures telles les Gobelins, Beauvais ou Aubusson et les recherches expérimentales de la Nouvelle Tapisserie.

Les Manufactures nationales mènent une politique active de commandes aux artistes contemporains, qui s'inscrit dans une tradition de mécénat d'État pluriséculaire. Parmi les artistes sollicités nous trouvons : Geneviève Asse, Pierrette Bloch, Pierre Buraglio, Alexander Calder, Eduarde Chillida, Sonia Delaunay, Julije Knifer, Le Corbusier, Aurélie Nemours, Gustave Singier, Raoul Ubac, Victor Vasarely, Maria Helena Vieira da Silva...

Le courant émergent de la Nouvelle Tapisserie est révélé au public lors des deux premières Biennales de Lausanne en 1962 et 1965. Ce mouvement se caractérise par un renouvellement des techniques, mêlant inspirations traditionnelles venues d'Europe de l'Est et d'Amérique latine, par l'utilisation de matériaux nouveaux comme le sisal, le crin ou encore des fibres synthétiques et par une liberté de tissage qui s'émancipe des techniques classiques. Portée par des figures marquantes telles que celles de Jagoda Buic, Olga de Amaral, Thomas Gleb ou encore Josep Grau-Garriga, la Nouvelle Tapisserie cherche également à s'affranchir de la surface du mur au travers de jeux de lumière, de matières et de volumes.