Olga de Amaral : le manteau de la mémoire

Représentée dans de multiples musées d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud, mais aussi dans d'éminentes collections privées ou d'entreprises, Olga de Amaral a su faire la synthèse entre d'innombrables traditions artisanales axées sur les techniques et la matière, et les grands principes des beaux-arts comme le formalisme, l'abstraction ou la quête métaphysique. Sa maîtrise des techniques conventionnelles lui a permis de repousser progressivement les limites de notre compréhension des textiles en tant qu'objets situés dans l'espace, et d'occuper une place de premier plan sur la scène artistique contemporaine. Peu à peu, en effet, de Amaral a réussi à faire sortir l'oeuvre textile de la catégorie des tapisseries tissées - définies par des surfaces planes, l'adhérence au mur, ses motifs picturaux et l'importance accordée aux propriétés organiques et physiques des matériaux - et à développer une pratique conceptuelle qui emprunte ses stratégies à la peinture, à la sculpture et à l'architecture.

Olga de Amaral emploie une grande diversité de matières - feuilles d'or ou d'argent, pigments aux couleurs vives - qui renvoient aux paysages et à l'histoire culturelle de la Colombie et qu'elle incorpore manuellement dans la structure de ses oeuvres par une application minutieuse qui s'échelonne parfois sur plusieurs mois. Les objets qui en résultent ont des dimensions imposantes, mais ils laissent une impression à la fois d'intimité et de monumentalité qui n'est pas nécessairement fonction de leur taille.

Cette publication paraît à l'occasion de l'exposition consacrée à l'artiste par la Fondation Louise Blouin, en collaboration avec la galerie Agnès Monplaisir. L'exposition présente une sélection d'oeuvres des quinze dernières années et met brillamment en lumière la singularité du parcours de l'artiste.