Reims

« Un grand vaisseau qui rassemble »

L'inscription de la cathédrale Notre-Dame de Reims au Patrimoine mondial de l'humanité en 1991 fut une reconnaissance du génie de ses bâtisseurs.

Ce qui saisit le visiteur, c'est l'unification de l'espace, d'autant plus sensible que jubé et clôtures ont disparu ; baies et travées se reproduisent dans de multiples perspectives, le grand vaisseau rassemble. C'est bien là le sens de l'ecclesia, l'assemblée du peuple, de l'église qui désigne aussi bien le bâtiment que les fidèles qui s'y retrouvent dans la communion.

Il faut concevoir le monument comme un tout, qui sollicite la vue, l'ouïe et l'odorat pour transporter celui qui y pénètre au seuil d'un autre monde. La Vie de saint Rémi, rédigée par l'archevêque Hincmar vers 880, montre Clovis ébloui par les lumières et les parfums du baptistère, demandant à l'évêque s'il s'agissait du Paradis dont il lui avait parlé. « Non, c'est le début du chemin qui y conduit », lui fut-il répondu. Avec cette phrase, on comprend tout le sens profond de la cathédrale.

La grâce de la cathédrale de Reims, c'est la beauté d'un édifice prodigieux, dans ses proportions et sa scénographie, dans l'unicité remarquable de son espace intérieur, avec ses sculptures et ses vitraux, les trésors du palais du Tau, le labyrinthe disparu. Cet ensemble compose un des sommets de l'art gothique, qui inspire et élève tous ceux qui le visitent, qui enchante l'intelligence et le coeur, les sens et l'âme.

Mais la « cathédrale des sacres » porte aussi dans son destin de grands événements qui ont façonné la France, du baptême de Clovis à la réconciliation franco-allemande. Huit siècles d'une histoire riche et parfois douloureuse lui ont conféré une place à part dans l'ensemble exceptionnel des cathédrales de France et dans l'imaginaire national.

Une trentaine d'auteurs, historiens, théologiens, historiens de l'art, nous plongent, grâce à une somptueuse iconographie, dans le mystère fascinant d'une cathédrale au coeur de la ville et de la vie des hommes.

1211-2011

Le livre du huitième centenaire

Nous nous sommes mis au travail en janvier 2009. Autour de moi, une équipe centrale de pilotage et de coordination, composée du Père Jean-Marie Guerlin, curé-archiprêtre et parfait connaisseur du sanctuaire ; de M. Hervé Chabaud, journaliste très versé dans la période contemporaine ; et du professeur Patrick Demouy, titulaire de la chaire d'histoire médiévale à l'université de Reims et auteur de nombreuses publications sur la cathédrale, qui assure la direction scientifique de l'ouvrage.

L'ouvrage est articulé en trois volets. Le premier, étalé sur seize siècles, est relatif à la construction : les cathédrales successives, les transformations, le bombardement de 1914, la reconstruction et les chantiers contemporains. Le deuxième présente le chef-d'oeuvre que constitue l'édifice, avec l'architecture, la sculpture, les vitraux, le mobilier entendu au sens large. Un troisième volet montre une église vivante, à travers les grandes pages de son histoire et de son rayonnement, et la mission qui fut et demeure la sienne.

Parlons à présent des auteurs. Le plan du volume ayant été établi, appel a été lancé à des spécialistes pour composer les chapitres de leur domaine de compétence. On peut dire que, là aussi, l'accueil fut inespéré puisque presque tous ont répondu favorablement malgré un cadrage et un échéancier très stricts.

Quand on ouvre un livre d'art, on commence par l'admirer, on le feuillette généralement, puis on le pose en évidence sur une table du séjour, et ensuite on le range avec les autres. Celui-ci n'échappera sans doute pas au même processus. J'ai toutefois la faiblesse de penser qu'il mérite d'être lu, et que le lecteur se sentira appelé à venir sur place, pour entrer dans le mystère et le méditer.

Bon anniversaire, cathédrale de Reims !