La campagne présidentielle n'a pas eu lieu : la politique vue de l'autre côté du périph

« Y a la planète ici. Des taulards de dix-sept ans, du Blanc qui cavale, des immigrés sans dents, des épices et des rêves, la souffrance des âmes rejetées et la fierté, cette sacrée fierté des jeunes aux têtes relevées. »

Ils s'appellent Yazid, Thomas, Fatima, Pierrot, Cynthia, Djibala... Ils sont entraîneur de rugby, aide-soignante, commerçant, sapeur-pompier, chômeuse, flic ou voyou. Bouffeur de curé, agnostique, chrétien, juif ou musulman. De José Bové à Jean-Marie Le Pen, ils incarnent toutes les sensibilités politiques de ce pays.

Venus du Nord de la France, d'Algérie, de Côte-d'Ivoire ou nés là, dans le 91, ils ont pour point commun de vivre à Grigny. Un monde à part, à tout juste trente kilomètres de Paris. Un concentré du « malaise des banlieues », ce mal français surmédiatisé lors des émeutes de l'automne 2005 et étrangement absent de la dernière présidentielle.

Face à ce silence, une jeune journaliste a choisi de donner la parole à ces citoyens que l'on n'entend jamais. Parce que, dans « les quartiers » encore plus qu'ailleurs, la politique reste à réinventer.