Tristan et iseut

Extrait NOTE DE L'ÉDITEUR Les époques ont leurs vérités, le temps n'en retient que les fondamentales. Ainsi, parmi les écrits, persistent, comme autant de repères et de ressourcements, ceux que nous percevons comme essentiels, toujours présents. Par définition inspirés, les livres sacrés ont, de transmission en rédaction, pris un pouvoir incantatoire. Ces textes n'ont pas seulement une beauté d'ordre esthétique ; ils concernent l'origine et la fin dernière de l'homme. Ils représentent une sagesse, la mise en mots d'une vérité qui dépasse l'anecdote même si elle l'utilise pour être mieux perçue. Les mythes et les légendes sont considérés comme d'une autre essence. Les mythes sont des expressions symboliques, des manifestations psychiques de l'âme. Comme les livres sacrés, mais par d'autres chemins, ils répondent aux interrogations essentielles des hommes devant un monde mystérieux ou absurde. Mais contrairement à ceux-là, ils ne prétendent pas imposer à leurs lecteurs des principes spirituels. Les trois premiers volumes de la collection «Les intemporels» se situent au point de jonction informel de la philosophie, de la religion et du mythe. Devant l'insondable, ils proposent la sagesse ou le sublime. Née peut-être d'un événement dont l'histoire n'a pas conservé la trace, mais profondément ancrée par ailleurs dans l'imaginaire du monde celte - on en trouve des doublets en Irlande dès le plus haut Moyen Âge -, la légende de Tristan et Iseut serait apparue, en tant que telle, aux environs du VIIIe siècle en Ecosse méridionale. La plus ancienne version mentionnée, celle du Gallois Bréri, aurait vu le jour vers 1135. Elle a été perdue. Et pour reconstituer l'histoire des deux plus célèbres amants de la littérature, il a fallu assembler les fragments subsistants d'oeuvres postérieures : celle de Béroul, de Thomas, les deux manuscrits de Berne et d'Oxford de la Folie Tristan, le poème de Marie de France ; et aussi avoir recours aux versions allemandes d'Eilhart et de Gottfried ou à la Saga norroise composée en 1226 pour le roi du Danemark. La légende de Tristan était scandaleuse. Il fallait donc la normaliser en changeant son contexte psychologique et social. En 1230, apparaissent les premières versions d'un Tristan en prose. La légende y est remodelée pour devenir un roman de chevalerie où le chevalier Tristan participe à l'épopée arthurienne. --Ce texte fait r?f?rence ? l?dition ie=UTF8&n=301061" class="product">Broch?.