«Ce qu'il y a d'histoire romanesque dans ce livre est à peu près
insignifiant à côtè de son élément essentiel : sa force de style, sa
poésie intense, ses puissantes racines humaines et divines, et en
somme sa haute, raffinée et savante littérature. [...]»
Albert Thibaudet
«[...] et je passe avec vous (en lisant Malaisie) une journée plus
ensoleillée que les plus beaux jours de Juillet. Vous avez des
métaphores si justes, si directes, si simples, odorantes... et une phrase
pure, légère, substantielle comme du riz.»
Paul Geraldy
«Henri Fauconnier aime les indigènes. Il admire le peuple malais,
qui est très raffiné, et il ne pense pas que le premier devoir du blanc
soit d'éduquer l'indigène. Nous pouvons nous élever à son contact.
Le rapprochement des Européens et des autres races doit se faire par
la compréhension et par l'amitié.»
Jacques Chardonne
«J'avais beaucoup admiré Malaisie - admiré de la seule admiration
dont je sois capable. Je veux dire que je l'avais aimé.»
Georges Bernanos
«C'est à mon avis le meilleur Goncourt depuis la fondation. En tout cas
c'est celui qui m'a le plus fraternellement ému, le seul peut-être que
j'eusse vraiment aimé d'écrire ; et c'est un grand et très beau livre.»
Maurice Maeterlinck
La littérature "voyageuse" serait-elle une invention de la fin
du XXe siècle ? Un goût très vif pour ce genre vénérable
tendrait à le faire croire. Cependant depuis l'Odyssée, on sait
que nombre d'auteurs de talent ont pris plaisir à entrainer
leurs lecteurs au-delà des horizons familiers. Plus près de
nous, il existe des oeuvres significatives d'une époque proche
par le temps et rendue très lointaine par les métamorphoses
du monde. Curieusement, leur originalité, et parfois leur heure
de gloire, ont été estompées par un destin insolite. C'est à
certaines de ces oeuvres précieuses que la collection Carnets
se proposent de donner vie.
Carnets d'asie, carnets d'océanie, deux séries
d'ouvrages, impressions de voyage ou romans, qui sont autant
de coups de projecteurs portes sur des régions du monde où
les rêveries littéraires allaient bon train entre les deux guerres.
La redécouverte des écrivains d'alors est fertile en surprises.
Le plaisir de la lecture est intact. S'y ajoutent des questions
aiguisées par l'actualité : la désinvolture, la liberté du regard
qui font le charme de certains auteurs faissent percer une
interrogation - quelquefois anxieuse - qu'il ne faut pas
attribuer forcément à la moiteur ou climat.
Du XIXe siècle à la Deuxième Guerre mondiale, le décor
"colonial" a servi de cadre aux personnages classiques de
l'intrigue tropicale. L'ambiance s'y voulait passionnelle, aussi
bien du côte cour-occidental, que du côte jardin-indigène, où
les conteurs les plus perspicaces ont deviné les premiers rôles
de lendemains tourmentés.
La diversité des talents est grande, mais ils possèdent
un dénominateur commun, une densité poétique qui laisse
songeur. N'aurions-nous plus le droit de trouver, aujourd'hui,
des charmes au dépaysement ? Sans doute, la cruauté des
affrontements contemporains a-t-elle rendu caducs les émois
des héroïnes de la jungle, sans doute a-t-il suffi de peu de
temps pour que les acteurs de cette littérature "voyageuse
inclinent vers un certain désenchantement. Il n'importe
paquebots, smokings, hibiseus, parfums de cannelle, ombre
de jungle, indigènes silencieux, silhouettes tentatrices, hantent
ces notes de voyage et ces romans imprégnés d'exotisme. Le
mot est lâché. Condamné à tomber en désuétude ? Ses
contours changent, seulement, selon les moeurs, les
événements, l'attitude du voyageur en présence de l'inconnu,
et des inconnus. À travers ces livres d'hier et d'avant-hier on
discerne parfois la prescience d'un avenir incertain et de
métamorphoses inéluctables. La sensibilité et l'intuition de
l'écrivain lui offrent de telles fulgurances.
En accordant à ces rééditions une recherche et une qualité
esthétiques particulières, ces Carnets mettent en valeur la
place d'une oeuvre dans son époque. L'auteur, les
circonstances qui ont présidé à la genèse du livre, l'accueil
qui lui fut réservé, sont l'objet d'une présentation substantielle.
Ainsi peut-on relire - souvent, lire pour la première fois -
des représentants d'une littérature "insulaire" qui n'ont eu
pour seul tort que d'être des précurseurs. Parmi ces Carnets
apparaissent encore des livres demeurés à l'ombre d'oeuvres
plus retentissantes du même auteur.
Cités d'Asie, lagons du Pacifique, revivent dans des
oeuvres qui se situent entre une classique littérature
"aventurière" et les routards inspirés des récentes décennies.
Leurs auteurs dispensent les sortilèges avec une générosité
de gentleman milliardaire. Leur palette resplendit de couteurs
chaudes. Ces écrivains-là nous autorisent à penser que la
magie reste une valeur sûre.
Michel-Claude Touchard
Collection
Carnets d'Asie
Collection
Carnets d'Asie
Dimensions
16.0 x 22.0 x 2.5 cm
Date de parution
1996-06-01